Les personnes de plus de 65 ans présentent un risque accru de formes graves de coqueluche, malgré l’impression répandue que cette infection concerne surtout l’enfance. La protection conférée par les vaccinations reçues dans la jeunesse s’amenuise avec le temps, ouvrant la voie à une vulnérabilité méconnue.
Les autorités sanitaires notent une hausse des cas chez les seniors, souvent méconnue car les symptômes atypiques compliquent le diagnostic. Face à cette réalité épidémiologique, les recommandations vaccinales évoluent et ciblent désormais explicitement ce groupe d’âge, avec des rappels et des protocoles adaptés.
Pourquoi la coqueluche reste une menace sérieuse pour les personnes âgées
La coqueluche ne se limite pas à l’enfance, loin de là. Cette infection respiratoire aiguë, provoquée par Bordetella pertussis ou Bordetella parapertussis, refait surface par vagues, profitant de moindres failles dans la protection collective. En 2024, la France fait face à une hausse marquée des cas, conséquence directe de la dette immunitaire post-Covid. Bien souvent, on sous-estime la virulence de la maladie chez les personnes âgées, alors qu’elle peut entraîner des suites lourdes.
Chez les seniors, la maladie se présente sous des traits discrets : une toux qui s’installe, s’éternise, mais sans les fameuses quintes qui alertent chez l’enfant. Pourtant, les complications qui en découlent ne sont pas moins sérieuses. Voici, pour mesurer l’ampleur du risque, les principales conséquences recensées :
- Pneumonie
- Otite moyenne
- Convulsions
- Lésions cérébrales
- Arrêt respiratoire
- Décès
La transmission se fait par les gouttelettes de toux. Dans les espaces clos, le risque de propagation grimpe en flèche. Beaucoup d’adultes restent porteurs discrets, ne présentant que peu ou pas de symptômes, mais sont capables de transmettre le germe autour d’eux, en particulier aux nourrissons de leur entourage, qui ne bénéficient pas encore d’une protection complète.
Les chiffres officiels font état d’environ 3 décès chaque année en France liés à la coqueluche (données 1979-2011). Difficile d’y voir une simple statistique : derrière ces cas, ce sont surtout des seniors déjà fragilisés par l’âge ou d’autres pathologies qui subissent le choc de la maladie. Les grands-parents investis dans la garde de jeunes enfants jouent un rôle non négligeable dans la transmission, parfois sans en avoir conscience.
Face à la régularité des cycles de recrudescence, à la capacité du germe à s’incruster dans la population, et à la diminution progressive de l’immunité (qu’elle soit vaccinale ou naturelle), la vigilance reste de mise. Le vaccin, couplé à une stratégie de cocooning, permet de limiter les risques pour les personnes âgées ainsi que pour les nourrissons, souvent au cœur du réseau familial.
Quels sont les bénéfices et limites de la vaccination après 65 ans ?
Pour les seniors, la vaccination contre la coqueluche s’effectue avec un vaccin combiné, désormais acellulaire, qui associe diphtérie, tétanos et poliomyélite. Ce vaccin parvient à protéger 9 personnes sur 10 contre les formes graves de la maladie ; cependant, la protection contre toutes les infections, même bénignes, reste modérée (environ une infection sur sept évitée). Autre point à prendre en compte : la durée d’immunité après un rappel s’amenuise avec l’âge.
Pour donner une idée, l’immunité conférée dure :
- 5 à 6 ans chez l’enfant
Chez les personnes âgées, ce délai tend à se raccourcir, la réponse immunitaire perdant en efficacité avec les années.
La vaccination vise d’abord à freiner la circulation du germe, en particulier vers les nourrissons du cercle familial, et à limiter les complications respiratoires pour les plus fragiles. Chez l’adulte âgé, le rappel n’est pas prévu systématiquement dans le calendrier national. Il devient recommandé dans certaines situations : proximité avec de jeunes enfants, exercice d’un métier en lien avec la petite enfance, ou pour les professionnels de santé. Dans ces cas, la stratégie de cocooning s’impose, avec une logique de protection en chaîne.
Les effets secondaires du vaccin acellulaire se limitent le plus souvent à de la douleur, une rougeur ou un gonflement au point d’injection, parfois un peu de fièvre. Les réactions sévères sont extrêmement rares. Le vaccin à germes entiers, à l’origine de réactions plus marquées autrefois, n’est plus utilisé en France depuis 2006.
Se faire vacciner, c’est donc réduire les formes graves et la transmission du germe, notamment pour les seniors qui côtoient régulièrement leur famille ou travaillent auprès des enfants. Maintenir à jour ses rappels et suivre les recommandations adaptées à son âge et à son environnement reste un levier concret pour limiter les risques.
Groupes à risque, calendrier vaccinal et recommandations spécifiques pour les seniors
Les personnes âgées ne sont pas la cible principale du calendrier vaccinal contre la coqueluche, mais leur rôle dans la circulation du germe reste central. La stratégie de cocooning adoptée en France s’adresse à l’entourage des nourrissons trop jeunes pour être vaccinés. Sont ainsi concernés :
- parents
- grands-parents
- professionnels de santé
Les seniors, en particulier ceux qui fréquentent régulièrement des enfants de moins de six mois, sont donc invités à effectuer un rappel lorsqu’ils font partie de l’entourage rapproché.
Le calendrier vaccinal en France prévoit un schéma initial chez l’enfant, puis plusieurs rappels au fil de la vie :
- trois doses avant un an
- rappels à 6, 11-13 et 25 ans
À l’âge adulte, un rattrapage reste possible jusqu’à 39 ans si le schéma n’est pas complet. Passé 65 ans, la Haute Autorité de Santé recommande le rappel en fonction de la situation personnelle :
- cohabitation avec un bébé
- participation à la garde d’un petit-enfant
- activité professionnelle auprès de jeunes enfants
Dans ce contexte, il est judicieux de s’assurer que l’ensemble des vaccins recommandés chez les seniors est à jour. Sont concernés :
- grippe chaque année
- pneumocoque à partir de 65 ans
- zona entre 65 et 74 ans
- Covid-19 selon les facteurs de risque
Cette coordination vise à limiter le poids des infections respiratoires et à éviter les hospitalisations, qui peuvent être lourdes de conséquences chez l’adulte âgé. La surveillance du statut vaccinal prend tout son sens lors de pics épidémiques ou en période de fragilité immunitaire, comme cela a été observé après la pandémie de Covid-19.
À mesure que l’âge avance, la coqueluche ne disparaît pas du paysage. Elle se fait plus discrète, plus insidieuse, mais n’en reste pas moins redoutable. Pour les seniors qui partagent leur quotidien avec les plus jeunes, la vigilance vaccinale tisse un filet de sécurité invisible, mais solide. Le risque n’est jamais nul, mais chaque rappel, chaque geste de prévention, pèse dans la balance, et peut, parfois, changer le cours d’une histoire familiale.